Devrait-on concourir pour le Championnat du Monde par équipes au lieu de par pays?

Le spectacle esperpéntique vécu à la fin de l'épreuve féminine du Championnat du Monde de Gravel entre les cyclistes néerlandaises ramène à nouveau sur le devant de la scène la pertinence de maintenir le format de compétition par équipes nationales traditionnellement utilisé lors des championnats du monde et d'Europe.

Les intérêts commerciaux l'emportent sur ceux de l'équipe relançant le débat sur les compétitions par équipes

L'issue de l'épreuve féminine du Championnat du Monde de Gravel qui s'est déroulée samedi dernier était totalement inénarrable. À quelques kilomètres de l'arrivée, la Néerlandaise Shirin van Anrooij roulait avec une avance substantielle qui laissait présager que le titre mondial allait lui revenir, d'autant plus que derrière elle, un groupe de 4 unités composé de ses coéquipières de sélection Lorena Wiebes, la gagnante; Marianne Vos, Yara Kastelijn et l'italienne Silvia Persico, la poursuivait.

Cependant, ce qui s'est passé était inexplicable d'un point de vue d'équipe, avec Kstelijn tirant à mort pour faire échouer l'échappée de sa coéquipière et une arrivée avec un sprint acharné entre Lorena Wiebes et Marianne Vos. Une situation dont l'italienne a profité malgré son infériorité numérique.

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Depuis des décennies, les rivalités internes au sein de l'équipe néerlandaise sont bien connues, mais cette fois-ci, il semblait également que le fait que chacune d'entre elles soit membre d'une équipe différente et, dans une optique commerciale, celle sous laquelle elles concourent le reste de l'année, les poussait à regarder vers leurs propres intérêts sans considérer les autres Néerlandaises comme de véritables coéquipières.

Un scénario similaire a pu être observé l'année dernière lors du Championnat du Monde de Zurich lorsque le Français Pavel Sivakov n'a pas hésité à compromettre ses chances en course en aidant sans aucune retenue le Slovène Tadej Pogacar, son leader tout au long de l'année.

Ces situations ramènent à nouveau sur le devant de la scène le débat éternel de savoir si les championnats devraient continuer à être disputés sous le format des sélections nationales ou s'ils devraient passer à être disputés par des équipes commerciales, comme c'est le cas lors des championnats nationaux.

Le directeur de performance de l'UCI, Peter Van den Abeele, a mis fin à la polémique en déclarant : "Les championnats du monde sont pour les pays, pas pour les équipes. Ce sont les entraîneurs nationaux qui doivent établir la stratégie. L'Italie l'a fait" en faisant clairement allusion à la manière dont les Italiennes ont misé sur les chances de Silvia Persico.

Peut-être que le problème se limite uniquement au Championnat du Monde de Gravel où se mêlent les cyclistes sélectionnés directement par leurs pays avec ceux qui ont obtenu leur qualification grâce à leurs résultats dans les épreuves des UCI Gravel World Series. Laurens ten Dam, actuel sélectionneur de cette discipline, expliquait après la course : "je ne peux pas imposer de tactiques. Avec près de 30 Néerlandaises dans la catégorie élite, tout ce que je leur ai dit, c'est de ne pas se bloquer entre elles. Une Néerlandaise devait gagner".