La mesure du lactate en course sera un changement radical pour le cyclisme
D'abord, c'était la fréquence cardiaque, puis on a évolué vers les capteurs de puissance. La prochaine étape dans l'amélioration des performances cyclistes pourrait être les moniteurs de lactate qui informeraient le cycliste en temps réel de la concentration sanguine de cette substance dont l'accumulation excessive est la principale responsable de la baisse des performances.
Une nouvelle révolution dans l'entraînement cycliste est en vue
Lorsque les muscles oxydent le glycogène pour obtenir de l'énergie, du lactate est produit comme déchet, qui est ensuite recyclé par les muscles pour obtenir plus d'énergie. Si l'intensité du pédalage est soutenable, la concentration de cette substance reste stable car les muscles sont capables de recycler le lactate au même rythme qu'ils le produisent.
Cependant, lorsque l'intensité augmente au-delà d'un certain point, la concentration sanguine de cette substance s'envole, atteignant un point où son accumulation constitue une limite pour l'activité musculaire qui oblige le cycliste à réduire l'intensité. C'est pourquoi, pendant des années, les cyclistes ont subi des tests de lactate visant à déterminer précisément à partir de quelle intensité celui-ci s'envolait.
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Un test qui est assez laborieux car il implique de prendre un échantillon de sang, généralement du lobe de l'oreille, rapidement après un effort pour éviter que la concentration ne baisse et ne fausse la mesure. Un échantillon qui est analysé sur le moment et qui permet à l'entraîneur d'établir avec une précision totale les différents niveaux d'intensité, en les associant, dans le passé, à des pulsations et, actuellement, à des watts.
Maintenant, la révolution est envisagée avec plusieurs entreprises qui tentent de développer un moniteur de lactate en temps réel de manière similaire aux capteurs de glucose sanguin qui informent constamment le cycliste de ce paramètre, lui permettant d'ajuster précisément son alimentation en cours de route pour éviter le redouté coup de pompe. Un dispositif qui, d'ailleurs, l'UCI interdit d'utiliser en compétition comme a pu le constater la cycliste Kristen Faulkner qui a perdu sa troisième place sur le podium lors de la dernière Strade Bianche pour avoir utilisé un de ces capteurs pendant la course.
Peut-être est-ce le même problème auquel un capteur de lactate devrait faire face, bien sûr, rien n'empêcherait le cycliste de l'utiliser lors de ses entraînements pour ajuster l'intensité de ceux-ci de manière encore plus précise que ce qui est obtenu avec le capteur de puissance.
En effet, bien que les watts soient une mesure extrêmement précise de l'effort que le cycliste est en train de faire, physiologiquement, la puissance appliquée ne correspond pas toujours à la réponse de l'organisme à cet effort. Précisément, avec le capteur de lactate, le cycliste pourrait savoir en temps réel comment son corps réagit à chaque effort, sachant exactement s'il peut maintenir 10 W de plus dans une montée ou, au contraire, s'il doit réduire ses attentes pour ses intervalles ce jour-là.
Certains entraîneurs réputés comme Iñigo San Millán, entraîneur de Tadej Pogacar, définissent les capteurs de lactate comme "la révolution la plus importante depuis l'invention des moniteurs de fréquence cardiaque il y a 40 ans". En fait, il y a des cyclistes qui, lors de leurs entraînements, s'arrêtent pour prendre des mesures de lactate précisément pour obtenir un meilleur ajustement de la séance de ce jour-là, comme le reconnaissent certains comme le cycliste de l'AG2R Larry Warbasse.
En tout cas, il faudra encore attendre un certain temps pour disposer de ces capteurs qui, comme nous le disions, plusieurs marques et laboratoires sont en train de développer à la recherche de porter l'entraînement du cycliste à un nouveau niveau.