Trop de choses et rien de clair dans la première semaine du Tour

Nous concluons le premier tiers, ou plutôt la première moitié, après une semaine d'ouverture plus longue que d'habitude, qui nous a conduits à la dixième des 21 étapes qui composent la course et au cours de laquelle Tadej Pogacar a jeté les bases d'une nouvelle victoire sur le Tour de France, même si l'énorme niveau de Jonas Vingegaard a semé un peu de doute.

Chutes, abandons, changements de leader... la première semaine du Tour de France a été très intense

Bien que, sur le papier, le Tour de France semble avoir opté pour un début de course dans son style traditionnel d'une semaine plate, favorisant les sprinters et avec des étapes de pure survie qui pèsent sur les grimpeurs avec un effort démesuré et où éviter les chutes est devenu la maxime des prétendants au classement général, la vérité est que, malgré tout cela, la course nous a offert beaucoup plus.

Les sprinters, bien sûr, ont eu leurs chances, Jasper Philipsen semblant destiné à un nouveau titre vert jusqu'à ce qu'une chute malheureuse sur la route de Dunkerque le renvoie à la maison lors de la troisième étape. Tim Merlier, à deux reprises, et Jonathan Milan se sont chargés de disputer le trône de la vitesse dans un duel qui n'aura plus lieu d'ici la fin du Tour.

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Pour le reste des étapes, le Tour nous a offert de belles routes casse-pattes, pleines de petites ascensions, qui ont fait qu'on ne s'est pas ennuyé tout au long de ces 10 jours de course, avec de l'espace pour un Mathieu van der Poel très motivé qui a non seulement gagné le maillot jaune mais qui, après l'avoir abandonné dans le contre-la-montre, a pu le porter un jour de plus après une journée très dure à cause de la chaleur à travers la campagne normande.

Non content de cela, le Néerlandais s'est lancé dans une folle échappée sur une étape totalement plate, de celles qui se résolvent inexorablement au sprint et dans laquelle il a réussi à faire rêver son coéquipier Jonas Rickaert et à créer la surprise lorsqu'il a été repris à 800 mètres de l'arrivée.

On a également vu Tadej Pogacar lancer ses premières attaques dans lesquelles on apprend que Jonas Vingegaard a réussi à tenir la roue du Slovène avec une apparente solvabilité. En tout cas, sa vitesse à l'arrivée lui permet d'avoir deux étapes à son actif jusqu'à présent dans le Tour de France, ce qui aurait pu être trois sans la classe de Mathieu van der Poel qui a volé la victoire lors de la deuxième étape.

Cependant, en ce qui concerne le classement général, le grand test, comme on s'y attendait, a été le contre-la-montre plat de Caen. Un contre-la-montre dans lequel Remco Evenepoel a affirmé son statut de favori, même s'il n'a pas eu la force nécessaire pour les étapes de montagne à venir, un terrain dans lequel il a déjà montré ses faiblesses. Ceci, ajouté à l'excellent contre-la-montre de Tadej Pogacar et au fait qu'il a pu grappiller des bonifications ici et là, a permis au Slovène de commencer à poser les bases d'une nouvelle victoire qui lui permet, avant l'arrivée des Pyrénées, de compter une minute d'avance sur Remco Evenepoel et 1:17 sur Jonas Vingegaard.

Tadej Pogacar a donné l'impression, au début du Tour de France, d'être un coureur beaucoup plus mûr, qui ne gaspille pas son énergie dans le grand spectacle mais qui, jusqu'à présent, s'est contenté de gagner quand il en avait la possibilité et de faire ce qu'il avait à faire dans le contre-la-montre, tout en essayant d'économiser ses forces autant que possible, non seulement à cause du formidable niveau affiché par Jonas Vingegaard malgré sa mauvaise journée dans le contre-la-montre, mais aussi parce qu'il sait que son équipe est inférieure à Visma-Lease a Bike, surtout après l'abandon inattendu de Joao Almeida.

En tout cas, il ne faudra pas attendre longtemps pour le savoir et les Pyrénées, tant par la dureté de ses deux étapes en ligne que par ce que le contre-la-montre de Peyragudes peut apporter, nous montreront si Vingegaard est aussi bon en montée qu'il en a l'air ou si Tadej Pogacar n'est qu'une précaution contre ce que ses rivaux peuvent faire ou s'il n'est pas aussi super qu'il en a l'air lui aussi.

A part ces deux-là, il ne semble pas y avoir de coureur capable de se battre pour le maillot jaune, surtout si l'on tient compte du fait que Remco Evenepoel a montré des faiblesses dans les montées dès le début sans avoir encore touché à la haute montagne et que le reste du top 10 du classement général, y compris Primoz Roglic, est clairement en dessous du niveau de Pogacar et Vingegaard.

Et que dire de Ben Healy, leader inattendu au terme de la première étape de montagne, après avoir brillamment remporté une étape il y a quelques jours et qui affronte maintenant le début de la montagne avec un rôle totalement nouveau pour lui. Sera-t-il un leader éphémère ou vivrons-nous une histoire similaire à celle de Ben O'Connor lors de la dernière édition de la Vuelta a España ?