La fracture économique divise le peloton

La distance croissante entre les super équipes qui dominent le peloton et attirent les meilleurs coureurs et la grande classe moyenne qui doit se contenter des miettes qu'ils laissent continue de susciter des critiques. Le dernier à donner son avis sur le sujet a été un personnage qui ne mâche jamais ses mots, Jonathan Vaughters, lors d'une interview accordée au célèbre portail Cycling News.

Jonathan Vaughters plaide en faveur de la régulation des transferts et de la mise en place de contrôles financiers sur les équipes

L'inégalité continue d'augmenter dans le cyclisme. Nous le voyons avec les méga-structures comme UAE Team Emirates-XRG, Visma-Lease a Bike ou Red Bull-BORA-hansgrohe qui, à coup de chèque, non seulement accumulent les meilleurs cyclistes du monde, rendant très difficile pour les autres de concourir dans des conditions équitables, mais en plus, ils lient leurs coureurs avec des contrats à long terme qui promettent de creuser encore plus l'écart sportif et économique qui s'est creusé dans le World Tour.

Face à cela, le reste des équipes voient leurs chances de victoire de plus en plus réduites et doivent satisfaire leurs sponsors avec d'autres types de récits et d'objectifs. L'une des équipes qui travaille le mieux sur ce point, avec un travail intense sur l'image et la vente d'une philosophie du cyclisme, même au-delà de la route, est l'EF Education-EasyPost de Jonathan Vaughters, qui a exprimé son opinion sur la direction que prend le cyclisme actuel.

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Le propriétaire de l'EF Education-EasyPost n'a pas hésité à faire la comparaison avec les ligues professionnelles aux États-Unis "Si nous regardons les sports qui réussissent à créer de grandes audiences, ce sont généralement des sports où, en une année donnée, n'importe quelle équipe peut devenir l'équipe gagnante" en référence à ce qui se passe dans des sports comme la NBA ou la NFL où un système de transferts est établi, les équipes ayant obtenu le pire classement la saison précédente étant les premières à choisir lors de la Draft, ce qui leur permet de recruter les meilleurs joueurs l'année suivante.

Évidemment, pour que cela fonctionne, il y a des limites budgétaires strictes qui s'appliquent, pas de la manière créative dont cela se fait, par exemple, dans le football où l'écart entre les équipes et les ligues crée d'énormes inégalités sur le plan sportif.

Le problème du cyclisme pour Vaughters est que "ce n'est pas qu'il a un meilleur ou un pire système, il n'y a tout simplement pas de système. Le problème est qu'il n'y a pas de limites. En pratique, dans le cyclisme actuel, on peut acheter le succès".

Le problème posé par les super équipes est que seul un nombre très restreint pourra, par exemple, se battre pour remporter un Tour de France. De plus, le niveau de contribution de ces sponsors comme Emirates ou Red Bull est en train de faire exploser le coût du cyclisme, de sorte que la contribution de tout sponsor qui arrive devra être plus élevée sans même leur garantir le succès face à ces super équipes.

Cela pourrait signifier que ces sponsors envisagent d'investir dans d'autres sports avant le cyclisme, "Ce qui décourage les sponsors d'entrer dans le sport. On atteint un point où il devient de plus en plus difficile pour des équipes comme Intermarché ou toute autre de trouver leur place dans le sport, de trouver un sponsor, car elles ne peuvent pas vendre le rêve de remporter le Tour de France".

La seule solution qui reste aux équipes comme l'EF Education-EasyPost est de rentabiliser l'investissement de leurs sponsors de différentes manières, comme une meilleure gestion des réseaux sociaux et de l'image de leurs coureurs avec un travail intense de marketing et de fixer des objectifs atteignables mais plus modestes "Nous voulons gagner, donc nous devrons trouver où, comment et quand nous pouvons gagner selon nos propres termes, et ne pas essayer d'assumer quelque chose d'insoutenable pour la taille de l'équipe que nous avons ici".