Mathieu van der Poel entre dans la légende du Tour des Flandres avec une nouvelle démonstration

Route 31/03/24 16:41 Migue A.

Il n'y a jamais eu de favori aussi clair pour gagner que lors du Tour des Flandres 2024 et Mathieu van der Poel n'a pas déçu et nous a offert une nouvelle démonstration en solitaire, cette fois-ci avec une attaque superbe sur le mythique Koppenberg où l'apparition de la pluie est devenue un facteur décisif pour rendre cette montée encore plus sélective.

Le mythique Koppenberg décide du Tour des Flandres 2024 en faveur de Mathieu van der Poel

Les pronostics sont rarement respectés dans les classiques, sauf lorsque des hommes de la trempe de Tadej Pogacar ou, comme aujourd'hui, Mathieu van der Poel, sont présents, qui en l'absence de son rival Wout van Aert, et avec d'autres prétendants à la victoire également diminués dans la même chute qui a éliminé le Belge, avait presque le champ libre pour remporter sa troisième victoire dans le Tour des Flandres, un chiffre qui égale le nombre maximum de victoires qu'aucun coureur n'a jamais remporté dans cette épreuve.

Une course où il n'est pas descendu du podium lors des cinq dernières éditions et que personne n'avait réussi à remporter en portant le maillot arc-en-ciel depuis que Peter Sagan l'avait fait, un autre club exclusif auquel seuls Louison Bobet, Rik van Looy, Eddy Merckx et Tom Boonen appartiennent.

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— Intermarché-Wanty (@IntermarcheW) 31 mars 2024

La course a commencé à Anvers par une matinée froide et ensoleillée et, après une longue neutralisation, une échappée s'est rapidement formée, sans aucun nom important ni aucun coureur appelé à jouer un rôle tactique pour les favoris à la victoire.

Ainsi se sont déroulés les premiers 150 km jusqu'à ce que, comme prévu, nous approchions de la montée du Molenberg. Avant cela, des hommes comme Mads Pedersen tentaient de prendre les devants et nous voyions même Matteo Jorgenson combler les trous dans le Wolvenberg, cependant, c'est au Molenberg que la course se lançait définitivement avec Pedersen accélérant et Jorgenson et Van der Poel à sa roue. De plus, suivant le schéma habituel de la course, des attaques et des contre-attaques arrivaient en tête pour faire la sélection définitive de la course en séparant le bon grain de l'ivraie.

Les coureurs de Movistar étaient pris au dépourvu par ce premier mur décisif, mais ils parvenaient à se ressaisir et à replacer dans le groupe principal Oier Lazkano et Iván García Cortina. Ainsi, ils arrivaient à une zone de murs en asphalte où nous voyions de nouveau Lazkano faire preuve de classe en attaquant dans le Berendries. Pendant ce temps, dans une échappée futile, Mads Pedersen tentait de surprendre et partait devant en compagnie de Gianni Vermersch, mais ils ne parvenaient pas à creuser un écart de plus de 30 secondes tandis qu'Alpecin-Deceuninck laissait faire.

La course entrait dans quelques kilomètres de stand-by tout en franchissant des murs et en se rapprochant du prochain point critique, la deuxième montée de l'Oude Kwaremont et là, de nouveau, un surprenant Oier Lazkano cherchait à faire la sélection dès le début, un mouvement que Mathieu van der Poel soutenait, mettant fin à l'échappée de Pedersen et Vermersch. Le Néerlandais prenait quelques mètres d'avance mais ce n'était pas encore le moment d'accélérer et peu à peu, un groupe très sélectif se reformait.

Après un Paterberg monté à un rythme soutenu, venait le moment du mur le plus mythique des Flandres, avec la permission du Muur-Kapelmuur, le Koppenberg qui se révélait particulièrement décisif car, à ce moment-là, la pluie frappait déjà violemment les coureurs, une circonstance qui rend l'ascension de ce mur à vélo presque impossible.

Sachant cela, Iván García Cortina tentait de prendre les devants quelques kilomètres avant, parvenant à creuser une dizaine de secondes d'écart dans ce qui semblait être un mouvement parfait pour rester avec les meilleurs. Mais le Koppenberg mouillé est une autre histoire, et dans la partie la plus raide de la montée, où la pente atteint 22% et où les pavés usés et inégaux en font une montée plus adaptée au cyclocross ou au VTT, l'Asturien perdait de l'adhérence et devait mettre pied à terre.

Dans le groupe, Mathieu van der Poel le voyait continuer son plan qu'il avait probablement déjà fixé depuis longtemps dans sa tête et il attaquait sans que personne ne puisse le suivre, arrivant là où le coureur de Movistar marchait déjà, lui permettant de choisir sa trajectoire. Derrière, les autres n'avaient pas cette option et seul Matteo Jorgenson, qui franchissait la ligne à environ 10 secondes de Van der Poel et Mads Pedersen, déjà plus décroché, parvenait à franchir sans mettre pied à terre. Le reste nous offrait des images de cyclisme d'antan dont le changement climatique nous avait privés depuis de nombreuses années.

Matteo Jorgenson tentait de combler l'écart, mais il n'y avait que quelques kilomètres d'assaut entre le Koppenberg et l'enchaînement de Marieborrestraat et Steekbendries, où un Van der Poel impitoyable achevait de rompre l'élastique et scellait le dénouement de ce Tour des Flandres 2024.

Derrière, il ne restait plus qu'à décider de la deuxième place. Cortina tentait sa chance au Taaienberg, sans succès. Devant, Alberto Bettiol et Dylan Teuns prenaient de l'avance et, petit à petit, ils franchissaient les Oude Kwaremont et Paterberg habituellement décisifs pour se retrouver sur le tronçon final plat avec quelques secondes d'avance sur un trio de poursuivants composé de Naesen, Sheffield et Matthews. Et quelques secondes plus tard, un groupe sélect avec Benoot, qui crevait déjà en vue de l'arrivée, Skujins, Wellens, Politt entre autres. La seule lutte qui restait à décider avant d'atteindre Audenarde.

Mathieu van der Poel avait largement le temps de savourer sa victoire, bien que l'image de lui prenant des gels à seulement 5 km de l'arrivée, l'écart diminuant, bien que très légèrement, et le visage clairement fatigué montré par les images de télévision indiquaient que cette dernière partie n'avait pas dû être aussi simple qu'on aurait pu le penser. Cependant, sans aucune pression, la longue ligne droite marquant le dernier kilomètre lui permettait de se détendre et de profiter d'une victoire, après 45 kilomètres en solitaire, qui agrandit encore plus la légende de ce coureur unique.

Sprint agonique à l'arrière où les trois groupes se rejoignaient à moins de 100 mètres de l'arrivée et c'était le coureur d'Arkéa-B&B Hotels Luca Mozzato qui s'emparait de la deuxième place dans un sprint photo avec un Michael Matthews infatigable qui occupait la troisième marche du podium mais qui serait ensuite disqualifié, le troisième rang revenant finalement à Nils Politt.